Laila Shawa, la «mère de l'art révolutionnaire arabe», est réputée pour son association de l'art et de l'activisme. Centré sur des préoccupations politiques, son art met en lumière l'injustice et la persécution. Son approche unique et intellectuelle a modifié le paysage de l'art révolutionnaire arabe contemporain.
L'éducation de Shawa a influencé sa vision révolutionnaire. Elle est née en 1940, huit ans avant la Nakba palestinienne et la création de l'État d'Israël. Son père, Rashad al-Shawa, était un militant et le maire de la ville de Gaza. Après avoir grandi dans la bande de Gaza, elle a fréquenté l'internat de l'Institut d'art Leonardo da Vinci au Caire. Elle a ensuite été formée à l'Académie des beaux-arts de Rome, tout en étudiant à la School of Seeing à Salzbourg pendant les mois d'été.
Après avoir terminé ses études, Shawa est retournée à Gaza pour diriger des cours d'art et d'artisanat dans les camps de réfugiés. Elle a ensuite enseigné dans le cadre du programme d'éducation de l'UNESCO. Lors d'un déménagement à Beyrouth, elle a peint à plein temps pendant neuf ans avant de retourner à Gaza. Avec le soutien de son père et de son mari, Shawa a fondé le centre culturel Rashad Shawa. Ce centre devait être une plaque tournante permettant d'établir un lien culturel avec Gaza par le biais d'expositions et de festivals d'art. Cependant, les attaques israéliennes s'intensifiant, le centre a été bombardé à plusieurs reprises avant son ouverture.
Lors d'un entretien avec le musée d'art de l'université de Princeton, Shawa a déclaré : "Je m'inspire de mes expériences directes. C'est généralement ce que je vois, ce qui m'entoure, donc c'est contemporain. Je préfère travailler sur le présent, sur des questions très pertinentes... mon travail artistique est un processus très créatif, un mélange de processus intellectuels et d'observations". Cela illustre son processus créatif analytique et profondément réfléchi. Grâce à cette approche, Shawa a tissé des concepts culturels et idéologiques pour construire diverses formes d'art.
S'inspirant des techniques du pop art, Shawa a utilisé la répétition et la sérigraphie. Plutôt que d'utiliser ces techniques pour commenter le consumérisme ou la culture de masse, Shawa a introduit la tradition du pop art dans un espace plus sombre. Ce style distinctif, qui associe des sujets délicats à une palette de couleurs audacieuses, est considéré comme de l'art "islamo-pop". Elle a également introduit des éléments de la nature et de l'architecture, ancrant son art dans le paysage du Moyen-Orient.
Shawa est connue pour sa création des Mains de Fatima, une peinture à l'huile et à l'acrylique qui représente de manière vibrante des femmes portant des niqabs à motifs. Cette œuvre, créée en 1992, est largement interprétée comme reflétant le style de l'art moderne du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord. Tirée d'une série intitulée "Femmes et magie", elle s'inspire du dialogue entourant l'autogestion de son destin et la notion d'une autorité mystérieuse échappant au contrôle personnel.
L'image présente également des motifs au henné et le symbole du mauvais œil, qui représente la croyance selon laquelle l'envie peut causer du tort. Cette peinture est agrémentée de divers éléments sociopolitiques qui forment un commentaire sur la lutte des femmes palestiniennes qui dépendent de puissances supérieures pour affirmer leur foi.
En 1992, la première exposition de Shawa en dehors du Moyen-Orient, intitulée Women and Magic, a eu lieu à Londres. Elle acquiert une renommée internationale dans les années qui suivent, grâce à sa collaboration avec Mona Hatoum et Balqees Fakhro. Elle a continué à exposer au Royaume-Uni, notamment à l'occasion de l'exposition AKA Peace à l'ICA, qui a présenté des œuvres dans le métro londonien en 2012. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections publiques et privées, dont le British Museum.
Après une vie et une carrière extraordinaires, Shawa est décédée en 2022 à l'âge de 82 ans. Elle reste l'une des artistes palestiniennes les plus accomplies et son œuvre continue d'influencer la scène artistique arabe contemporaine.
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